À deux jours du départ de la deuxième édition du Trophée Banque Populaire Grand Ouest, l’impatience d’entrer dans le vif de la compétition se fait plus palpable sur les pontons de Concarneau où sont amarrés les 29 monotypes de la flotte, habillés de leurs flamboyants pavois.
Ce jeudi, les binômes se rassemblent ; certains duos s’offrant le luxe, et le plaisir, d’une navigation d’entraînement, quand d’autres commencent à se plonger dans l’étude de la situation météo annoncée particulièrement complexe. Entre les lignes de la feuille de match bien fournie, on devine que tous les ingrédients sont réunis pour garantir du suspense au fil des îles, véritables juges arbitres de ce copieux parcours côtier de 740 milles.
Un quarté de candidats aux places d’honneur
Parmi les 29 paires de co-skippers réunis, une poignée sort du lot, méritant de figurer au rang de solides candidats aux places d’honneur. À commencer par le double mixte de Skipper Macif 2023, composé de Charlotte Yven et de Loïs Berrehar. Ce dernier remet cette année son titre en jeu aux côtés de celle avec laquelle il s’est imposé l’an passé sur la transat en double. Ce binôme fonctionne ; mieux, il cartonne.
Mais c’est sans compter avec le trio de redoutables tandems de forts en thème : Région Bretagne – CMB Performance, Edenred et Queguiner-La Vie en Rose. À bord, les ténors du moment – Gaston Morvan, Basile Bourgnon et Elodie Bonafous -, ont tous la particularité d’être accompagnés d’un vainqueur de la Solitaire du Figaro. Il s’agit dans l’ordre de Pascal Bidégorry, Tom Laperche et Corentin Horeau.
Dans cette catégorie, difficile d’oublier Yann Eliès, fort de ses trois victoires cumulées sur la grande épreuve estivale du circuit des batailles à armes égales. En dépit de son palmarès éloquent, ce compétiteur aguerri mesure que le jeu reste très ouvert, autant propice à la quête d’un résultat qu’à un apprentissage en accéléré pour gagner des galons au ras des cailloux et au gré des courants. « C’est la régate de la transmission et le bon moment pour ceux qui veulent performer de prendre un vieux sous le bras et de regarder comment il fait » indique celui qui accompagne cette année Victor Le Pape à bord de Région Bretagne- CMB Espoir.
Le grand renouvellement
Mais aux yeux de cette grande figure du circuit, futur directeur de course du prochain Tour Voile en Figaro Beneteau 3, si une dizaine de favoris se distingue, aucune hiérarchie n’est pour autant préétablie. Gare aux attaques qui risquent de fuser de toutes parts dans les rangs d’une flotte qui connaît un grand renouvellement. « Il y a clairement toute une génération de jeunes qui arrivent et n’ont rien à perdre, menaçant de tirer dans les coins. S’ils la jouent à la régulière, cela ne passera pas face aux plus expérimentés qui ont la vitesse et le sens du placement. Mais ce parcours est propice à la prise de risques ».
Au Pôle Finistère Course au Large, Erwan Tabarly est bien placé pour apprécier l’émergence de ces nouveaux talents qui n’ont pas froid aux yeux. « La Classe Figaro accueille depuis deux ans pas mal de jeunes qui osent venir se frotter à ce circuit réputé un peu élitiste. Avec le Figaro Beneteau 3, on voit des skippers réussir rapidement à décrocher des résultats encourageants. Avec ce monotype, c’est moins une histoire de spécialistes et cela ouvre la porte à pas mal de monde », indique celui qui entraîne des vieux briscards et ces nouveaux venus.
Des propos que partage volontiers Anthony Marchand qui se réjouit d’une petite piqûre de rappel à bord d’un monotype, le temps de cette épreuve qu’il dispute aux côtés de Jacques Delcroix qui porte, comme lui, les couleurs d’Actual. « Il y a un vrai mélange entre les jeunes et les vieux. C’est hyper intéressant, les jeunes vont super vite sur ce bateau-là, beaucoup plus accessible que le Figaro 2. Dès la première ou deuxième année, les meilleurs d’entre eux peuvent jouer la gagne ».
Les anciens sont prévenus.
De tous les horizons
Sur cette course en double, 26 jeunes skippers participent pour la première fois au circuit et composent, sur ce Trophée BPGO, les équipages de sept bateaux 100% bizuths. Parmi eux, beaucoup viennent du Mini avec de solides convictions pour moteur. C’est le cas d’Arno Biston, pensionnaire de Lorient Grand Large, qui vient de prouver sur la dernière Solo Maître Coq à bord de Tizh Mor qu’il fallait compter avec lui. Pour ne rien gâcher, ce talent à suivre est accompagné par Fédérico Waksman qui vient s’essayer pour la première fois à l’art de régate à la sauce Figaro après sa victoire sur la dernière Mini Transat dans la catégorie prototype.
Enfin, parmi les nouveaux visages, celui de Quentin Vlamynck ne passe pas inaperçu. Venu tout droit de l’Ocean Fifty, cette valeur sûre du multicoque océanique se jette cette année dans le grand bain du Figaro. « Ça fait du bien de changer de circuit. J’ai plein d’acquis et de milles parcourus qui m’aident, que ce soit en termes de navigation ou de logistique. Mais je viens apprendre sur l’utilisation du bateau, les voiles, les réglages et la stratégie au contact serré. Avec toujours des concurrents à côté, c’est une toute autre émulation », confie le skipper des Étoiles Filantes qui fait équipe aux côtés de Romen Richard.
Ce dernier, de plus en plus offensif, aux avant-postes sur la Solitaire, compte parmi les pensionnaires du Centre d’Excellence de La Rochelle et s’entraîne sous la houlette d’Etienne Saïz aux yeux duquel « Le format du double est particulièrement favorable pour pimenter le jeu et laisser la porte grande ouverte aux surprises. »
Rajoutez une météo incertaine, et tous les ingrédients sont réunis pour « offrir un bon cocktail sur une épreuve qui s’annonce passionnante à suivre… »