Carte postale
Il est 6h23. La température au sol est de 18°. Nous venons de nous mettre en bâbord amures en direction de Concarneau où nous devrions arriver demain midi, si tout se passe bien. Depuis 24 heures, l’humidité s’installe vraiment à bord. J’en profite pleinement avec ma bannette dans le cockpit au contact des éléments. Il fait gris, on a eu cette nuit un peu de mer de face au cap Finisterre où le bateau accélérait dans les vagues en faisant valser un peu tout ce qu’il y avait dans le carré. Mais ce matin, dans la partie sud-est de l’anticyclone des Açores, la mer est plus plate.
Hors-quart
Je n’ai pas de rythme régulier. Je m’adapte aux phases de la course. Parfois, je dors beaucoup quand le bateau avance tout droit, mais je ne dors pas du tout au passage des îles, lors des transitions météo,où quand il faut placer un virement ou un empannage précisément. Mais j’ai quand même la routine de l’arrivée des fichiers météo, quand le flot des différents modèles arrivent ; grosso modo de 7h à 10h et de 20 à 23h. Je fais l’analyse de ce qui va venir avec les informations les plus récentes, à partir des sources météorologiques françaises, allemandes et américaines. C’est un travail un peu routinier, il s’agit de faire tout le temps les mêmes étapes.
Je regarde aussi beaucoup la course des adversaires. D’une part, cela permet de se caler en vitesse quand ils sont assez proches, de voir si on est bien dans le rythme ou pas ; et d’autre part de se placer pour attaquer ou se défendre. Cela permet aussi de deviner leur stratégie générale. Ce que je préfère, c’est les avoir à l’AIS (Automatic Identification System), même si cela met forcément un peu de pression.
Vie à bord
L’avantage d’être hors quart, c’est que je croise tout le monde. Je suis dans tous les moments de transition du bateau. Je peux partager des repas dans le cockpit. Il y a toujours un vrai plaisir à naviguer sur ces bateaux-là, et à être en mer tout simplement. Il suffit de regarder par la porte pour voir la mer ou un coucher de soleil.