Depuis qu’on a quitté le Finistère, sous un soleil radieux (évidemment!), il fait gris.
Mais un vrai gris, bien austère, plombant, limite oppressant… Et en tant que Brestois, je m’y connais en nuance de gris ! Je croyais que c’était la canicule en Europe ? Ici c’est surtout la « caniPULL » !
Depuis hier et surtout cette nuit, nous sommes dans la « brise » comme disent les professionnels : ya du vent quoi ! Toute l’équipe est à bloc pour tirer le meilleur profit de l’Ultim Actual et ça envoie, avec le compteur qui s’affiche régulièrement en rouge écarlate, au-dessus de 40 nds !
C’est grisant, hallucinant mème d’enchaîner les heures à cette vitesse ! Mais la tension augmente d’autant plus sur le bateau et les marins : la dérive centrale chante, siffle en continu, voire elle hurle à la mort en fin de surf… ça tombe bien, nous dormons autour d’elle entres deux quarts ! (2 poufs de repos sont carrément adossés au puit de dérive : un oreiller siffleur en gros).
Franchement, le niveau sonore à l’intérieur de la coque est à la limite du supportable. Et puis, il y a cet incessant « coup de raquette » : le bateau vole sur ses foils, qui ont tendance à «déraper » (glisser de travers en gros) et les safrans corrigent ça instantanément, ce qui donne des acoups gauche/droite permanents: on ne tient pas debout ! Forcément nos 2 chefs de quart, Yves et Antho, dorment très peu. Ils sont là, de tous les instants, pour distiller conseils et technique pour tirer le maximum du bateau. Et on est à la limite… Par exemple, pour choquer l’énorme gennaker, il faut être trois, pour soulager le winch qui est clairement sous-dimensionné à ce moment là.
C’est un peu décevant, à chaque pointage, de voir le match se jouer juste devant nous, alors que l’on donne tout. Mais le moral et la cohésion d’équipe sont au top, on ne lâchera rien ! Bientôt les Canaries, et peut-être le retour du soleil et de l’Ultim Actual ?