Comme on s’y attendait, le jeu s’est nettement corsé sur le plan technique après le passage de la porte des Glénan, et plus encore en milieu de nuit dernière après le débordement de la Grand Basse de Portsall, au nord des côtes du Finistère. En cause : une bulle sans vent et de forts courants. Si cela a largement semé la zizanie au sein de la flotte du Trophée Banque Populaire Grand Ouest – Sur la Route des Iles du Ponant, avec tantôt des marches arrière et tantôt des 360° incontrôlés, le débordement de l’île de Batz a bien rebattu les cartes également. Pour preuve, le duo Loïs Berrehar – Erwan Le Draoulec (Skipper Macif) a non seulement cédé le leadership au tandem Violette Dorange – Erwan Tabarly (Devenir), mais aussi rétrogradé en 6e position. Reste que si la hiérarchie a évolué, les écarts demeurent infimes entre les concurrents. Les derniers 100 milles du parcours, avec entre autres le passage du Chenal du Four, du Raz de Sein et un affaiblissement annoncé du vent dans la baie de Concarneau, vont donc être déterminants !
« Que la nuit a été longue à se battre dans la pétole pour rejoindre tant bien que mal l’île de Batz ! Ça n’a vraiment pas été simple de faire avancer le bateau. Il y a eu pas mal de marches arrière quand le courant s’est inversé, avec l’impossibilité de mouiller par 100 mètres de fond ! », a commenté Achille Nebout (Amarris – Primeo Energie). De fait, la pétole cumulée à de forts courants contraires et quelques bancs de brouillards qui les a cueillis, lui et ses adversaires, au large de l’Aber Wrac’h entre 2 et 5 heures la nuit dernière, a largement pimenté le jeu. Au-delà du paquet de nouilles que la situation a généré sur la cartographie, les cartes ont été quelques peu redistribuées. Deux binômes, Gaston Morvan – Pascal Bidégorry (Région Bretagne -CMB Espoir) et Basile Bourgnon – Yann Eliès (Edenred), ont particulièrement bien tiré leur épingle du jeu à ce moment de la partie en choisissant de se décaler au large. « Yann s’est cassé la tête toute la nuit sur la stratégie dans la molle. On reculait littéralement mais avec les autres concurrents sans cesse à vue, c’est resté très excitant, même si on a très peu dormi », a indiqué de son côté Basile Bourgnon qui s’est replacé en troisième position peu avant le contournement de la marque de Roscoff. Une place qu’il est parvenu à conserver après le second passage de Batz qui a scindé la flotte en deux, certains ayant opté pour se faufiler entre l’île et le continent et d’autres ayant préféré minimiser les risques (de talonnage notamment) en passant au nord.
Dénouement demain
Si aucun écart significatif n’a toutefois été créé malgré ces divergences de trajectoires, le bon coup du jour est clairement à mettre au crédit du binôme Violette Dorange – Erwan Tabarly. Sixième à 4,5 milles du leader en milieu de nuit, ce dernier cavale désormais en tête. Son avance reste toutefois dérisoire puisque ses six poursuivants les plus proches se trouvent à moins de 2,5 milles de son tableau arrière et les derniers à moins de 10 milles. Tout va donc se jouer dans les 100 milles qu’il reste à présent à parcourir pour rallier Concarneau. Quelques pièges se trouvent naturellement sur la route, comme le Chenal du Four, le Raz de Sein mais aussi la pointe de Penmarc’h et la baie de Concarneau où le vent pourrait devenir faible et instable et rendre délicates les arrivées. Pour l’heure, celles-ci sont prévues demain dans la matinée. En l’état, il reste donc une poignée d’heures aux marins pour faire la différence. Vu le contexte météo qui semble globalement assez clair et les écarts infimes qui perdurent depuis le début de la course, il y a fort à parier que l’ensemble des duos arrivent en rafale. La question sera de savoir qui, parmi eux, aura réussi à garder le plus de lucidité après presque quatre jours de mer. Les paris sont ouverts !