C’est à 22h59, dimanche soir, qu’Actual Ultim 3 a enfin franchi, à son tour la ligne d’arrivée, celle de la délivrance après de très longues heures de calme plat sur une mer d’huile. C’est cher payé pour Anthony Marchand et Thierry Chabagny, qui concèdent au final près de 13 heures de retard sur leurs prédécesseurs, contre 1h30 au passage du waypoint 2 dans la nuit de samedi à dimanche. Ralentis les premiers, puis stoppés net dans une zone sans vent arrivant par l’ouest, ils ont vu l’écart irrémédiablement et considérablement se creuser avec le trio de tête, parvenant, lui, à s’échapper avant qu’Éole ne déserte la place.
Leur ténacité, pour boucler malgré tout ce parcours de 340 milles, s’éternisant en ce long dimanche privé de vent, mérite d’être saluée. Elle témoigne de la bonne cohésion du binôme qui su faire faire preuve de persévérance pour finir en course, coûte que coûte. C’est toujours ça de pris en vue de la prochaine Transat Jacques Vabre. Une certitude l’emporte au terme de cette confrontation à valeur d’entraînement et d’apprentissage riche d’enseignements : les deux figaristes et complices du bord ont montré qu’il fallait compter avec eux, jusqu’au bout de la ligne. Et qu’ils ne manquent pas de ressources contre vents, marées, et grand calme blanc…
Anthony Marchand : « On est vraiment content d’arriver et de franchir enfin cette ligne. Le vent a été beaucoup plus chaotique pour nous. On s’est fait croquer à l’ouest de la Bretagne par la molle, et le manque de vent. Depuis la pointe Bretagne, on a fait tout le parcours dans les petits airs. Quand on était à 3 nœuds toute la nuit, les premiers étaient à 25. Mais c’est aussi ça, la course au large. On a beaucoup manœuvré dans toute cette molle, notamment en approche de l’arrivée derrière Groix : gennak, J1, J2… On n’a pas arrêté les virements, les empannages, pour toujours mieux faire avancer, à quelques nœuds près, le bateau. C’était un super entraînement pour nous.
On est satisfaits d’avoir fait plein de choses, on a un nouveau foil à tester. On est toujours dans l’apprentissage du bateau. Le but reste la Transat Jacques Vabre.
Avec Thierry, on se connaît bien, mais c’est la première fois qu’on navigue ensemble. Notre but, c’est d’apprendre à se connaître sur un bateau ; et je ne regrette pas mon choix ! »
Thierry Chabagny : « Je ne regrette pas d’être à bord d’Actual. C’est un beau bateau. Sur ce parcours, on n’a pas eu les conditions qu’on pouvait espérer pour foiler, et aller vite. À part au début, où c’était un peu sympa. Mais après le passage de la bouée à Ouessant, cela n’a fait que mollir. Les premiers étaient un peu devant. On était en chasse, on va dire. On espérait que la situation nous permette de revenir, mais cela a été un peu le contraire, puisqu’on s’est fait happer par le front qui générait des zones de pas de vent. Les premiers ont réussi à partir avec le vent. On savait qu’on prenait cher. Mais on avait à cœur de finir malgré tout. C’est vrai qu’entre Belle-Ile et Groix, on n’avançait vraiment pas, c’était un peu pénible. Mais on a décidé de terminer pour ne pas abandonner, et finir en course notre apprentissage pour la Transat Jacques Vabre ; parce que le but reste de s’entraîner, d’apprendre à bien connaître le bateau. Là, on n’est pas encore dans la version définitive, il nous manque encore un foil performant. Le match devant avait l’air sympa, c’est une belle classe de bateaux. »