Défini par son parcours de 740 milles au fil des îles du Ponant entre Chausey en Manche et l’île d’Aix baignée par les eaux du pertuis d’Antioche, le Trophée BPGO a la particularité de laisser le choix du sens de la grande boucle au départ et à l’arrivée de Concarneau s’adapter en fonction de la météo.
À la veille du coup d’envoi, le Nord l’emporte dans les suffrages et s’impose comme une évidence. « La situation générale est marquée par une grande instabilité des fichiers météo qui changent toutes les 12 heures, et aujourd’hui, ils ne sont pas sous le signe du vent fort. Or il y a un adage qui dit : “va où le vent sera”, donc la flotte, d’abord, ira vers le nord », indique Christophe Gaumont, directeur de course.
« Ensuite, les coefficients de marée augmentent vers la fin de semaine générant des courants plus forts en Manche. », justifie celui qui orchestre cette grande partition nautique sur son tracé côtier taille XXL.
Au fil des îles sous toutes les coutures et toutes les allures
Demain, les 29 équipages rassemblant 58 marins de tous les âges et de tous les horizons, ont rendez-vous en baie de La Forêt, à 13 heures précises, pour s’élancer au coup de canon donné par le président du comité de course, Jean Coadou.
Cap donc sur les Glénan, la chaussée de Sein, Molène, Ouessant, et toutes les autres balises, phares et autres amers remarquables qui jalonneront leur longue route côtière. Soit pas loin d’une quarantaine de points de passage ponctuant les cinq jours de course au programme. Autant de « waypoints » qui vont rythmer cette balade qui, au-delà de son aspect technique au ras des cailloux, garantit d’en jeter plein les yeux. De quoi faire les bonheurs des bizuths comme des plus expérimentés, qui auront aussi maille à partir sur ce parcours au fil des îles à parer sous toutes les coutures et sous toutes les allures.
« Le jeu s’annonce complet et complexe », souligne Pierre Leboucher, un spécialiste des batailles à armes égales, de retour en Figaro Benetau 3 après sa récente victoire sur la Niji40. « Quand on dispute une transat, on a, en gros, deux points à rentrer dans nos logiciels de navigation. Là, on part sur un parcours qui se compose de plein de petites sections. On va essayer de s’appliquer pour chacune d’elles. On va avoir toutes les allures, du près, du portant, dans la molle et du vent fort. Les Figaro Beneteau 3 sont des bateaux hyper vivants, on va être à vue tout le temps, il y aura du match. Quand on regarde le plateau, bien malin celui qui peut dire qui va gagner », ajoute celui qui accompagne Alexis Thomas, une valeur montante du circuit sur Wings of the Ocean.
Du jeu dès le début
Rester sur le qui-vive, ne pas se départir d’un bon sens marin mâtiné d’un vrai goût pour la tactique rapprochée, c’est tout l’enjeu de ce Trophée BPGO. Fort de sa victoire décrochée dans les ultimes longueurs sur la première édition, Loïs Berrehar mesure que son expérience sera mise à rude épreuve pour s’adapter à l’évolution des conditions. Et espérer réitérer au chapitre du succès aux côtés, cette fois, de Charlotte Yven, à bord de Skipper Macif 2023. « Cette course est loin d’être facile, avec des petits coups à jouer sur des phénomènes météo. En fin de course, ce sera à nous d’apprécier l’évolution des grands systèmes avec les outils dont on dispose : un baromètre, un anémomètre, nos yeux, et un peu de flair aussi », explique le vainqueur en titre. Et d’ajouter : « du jeu, on en aura dès le départ dans la baie de Concarneau, avec des conditions contradictoires, du vent d’Est le matin pas très fort, du thermique qui veut s’installer et potentiellement des orages à terre… »
Comment suivre le départ
Avis au public, les 58 marins composant un plateau de choc sous le signe de la mixité et de la diversité sont d’abord attendus, à partir de 10h, sur la terrasse de la tente du village. Au micro, la célèbre voix du large, Serge Herbin, présentera un à un ces binômes qui appareilleront ensuite à tour de rôle de 11h15 à 11h45 pour rallier la zone de départ, où le coup d’envoi sera donné à 13h précises.
Pour suivre le coup d’envoi rendez-vous, dès 12h45, sur les réseaux sociaux de la course, ainsi que sur le site internet de France 3 Bretagne.
Elles et ils ont dit
Louise Acker (Région Bretagne-CMB Océane) :
« Cela fait plusieurs jours qu’on devine qu’on allait plutôt partir vers le nord, dans la mesure où vers le sud, cela s’annonçait très long. D’être en double avec Ronan (Treussart) qui a beaucoup d’expérience, cela va me permettre d’être dans l’apprentissage ; ce sera toujours ça de pris en vue de la prochaine Solitaire. Pour moi qui suis ssue du match-racing, la navigation au contact, c’est forcément un atout sur lequel je vais m’appuyer. Sur les départs, et sur les phases où il faut garder un avantage en termes de positionnement, je suis très à l’aise. Cela me permet de vite me caler techniquement sur le bateau que je découvre. Et je profite d’être dans une super équipe. Sportivement, c’est difficile de se situer. D’autres bizuths sont très forts. Mon objectif personnel, c’est trouver mon rythme à bord, de réussir à bien m’alimenter et trouver mes limites Et là, cinq jours de navigation, c’est le format idéal pour travailler cet aspect-là. »
Charlotte Yven (Skipper Macif 2023) :
« On a un beau parcours, et de belles conditions. J’espère me faire plaisir et jouer devant. J’adore ce type de parcours avec plein de petits coups à jouer, avec des effets de vents et de courants. Il se passe toujours des trucs, il va falloir garder les yeux ouverts. Loïs remet son titre en jeu avec moi. On a un binôme qui fonctionne bien. On est content de partir de Concarneau qui nous réussit bien. On va passer devant la baie de Morlaix, c’est mon spot, c’est chez moi ! On va partir avec pas trop de vent et peut-être finir avec plus d’air. Aujourd’hui, il y a un petit reste de dépression qui s’évacue, même si on reste plutôt dans une zone dépressionnaire, avec l’anticyclone dans l’Atlantique qui resserre un peu les isobares au large. Pendant la course, on va évoluer dans un flux de secteur nord, nord-est. En fin de course, on va plutôt être sous l’influence d’une dépression qui se forme au large de l’Irlande, qui devrait nous amener vent plus fort. »
Vincent Biarnès (Navaleo) :
« Cela fait trois ans bien tassés que je n’ai pas fait de Figaro. Et là, c’est une épreuve assez longue. Pour moi, c’est un retour un peu sportif, surtout avec le Figaro Beneteau 3 qui reste un bateau assez dur. Mais cela me fait plaisir de revenir sur le circuit, de voir des nouvelles têtes. Il y a beaucoup de jeunes. C’est rigolo de naviguer avec Tom (Goron) qui a 18 ans, je pourrai être son père ! L’idée, c’est de lui faire partager mon expérience sur la durée de l’épreuve et sur les courants du Nord que je connais bien. À l’aller on va passer au large d’Ouessant. Ce sera un point de passage important qu’on risque de doubler au moment de la renverse de marée. C’est potentiellement un passage à niveau avec des écarts qui se créent. »
Maël Garnier (Selencia-Cerfrance) :
« On va partir dans des petits airs, avec un vent de Nord, Nord-Est qui va s’établir progressivement. On va faire beaucoup de près, avant de sortir les spis pour redescendre vers les Glénan mardi, et de poursuivre dans du vent qui devrait se renforcer. Avec Fred (Duthil), on est du même club de voile à Saint-Brieuc. On a déjà navigué ensemble l’année dernière sur le Tour de Bretagne. On aimerait un peu prendre notre revanche sur cette première expérience. Fred, qui a un œil très aiguisé, joue vraiment le jeu de la transmission et c’est super d’apprendre à ses côtés. Il y va pour la gagne, je vais suivre pour emboîter le pas. »