Les équipages à la manœuvre s’activent dans les cockpits. Rapidement, le Maxi Edmond de Rothschild pare en pole position la cardinale Basse Jaune des Glénan. Mais son avantage reste très relatif à l’entame de ce grand triangle à travers l’Atlantique qui débute au louvoyage. Dans les prochaines heures, les équipages annonçaient se préparer à faire de l’Ouest en direction de la mer d’Iroise, pour aller chercher des vents plus favorables à l’arrière d’un front. Si la course s’annonce rapide, c’est bien à petites foulées et par un détour pour contourner une bulle anticyclonique bien installée sur le golfe de Gascogne qu’elle débute. Dès la nuit prochaine, le rythme s’accélèrera franchement. La descente au portant sera rapide vers la pointe Nord-Ouest ibérique où le vent et la mer vont très nettement se renforcer selon un scénario météo qui prévoit toute la palette de conditions sur les plus de 3 100 milles de ce parcours à travers l’Atlantique, via les Canaries et les Açores.
Ils ont dit au ponton
Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) : « Ce parcours en grand triangle sera très intéressant, avec des coups à faire, plus dans le détail que dans les grandes options. Sept jours de course au large, c’est un peu sprint, mais c’est aussi une transat avec nos bateaux. Cette course va nous permettre de vraiment mesurer où se situe la concurrence, et ce d’autant plus qu’on va balayer tous les angles et toutes les forces du vent jusqu’à 30 nœuds. L’année dernière, on avait encore un bateau qui avait un petit avantage sur certains en termes d’utilisation. Mais le niveau s’élève. On s’attend à un match serré. On fonctionne ensemble depuis trois ans sur la base de quarts de deux. Tout le monde barre, tout le monde règle. Erwan Israël et Franck Cammas qui me routeront sur la prochaine Route du Rhum et s’occuperont de la navigation. De mon côté, je vais me concentrer sur la performance. Et pour le départ, ce sera Franck à la barre, c’est le meilleur pour cet exercice-là ! »
Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) : « Les premières heures seront très calmes. On aurait rêvé montrer les bateaux voler en baie de Concarneau, ce ne sera pas le cas. Mais en revanche, quand on va toucher du vent plus fort, on va partir sur une grande descente en toboggan jusqu’aux Canaries qui s’annonce fabuleuse en confrontation à quatre, avec des bateaux dont le potentiel s’est beaucoup homogénéisé. On a tous envie de ça. On descend au portant avant de remonter au près en tirant des bords, avec la majeure partie en mode volant. C’est le premier échelon de compétition que la classe voulait réussir en créant un événement Ultim qui ponctue les grands rendez-vous comme la Transat Jacques Vabre ou la Route du Rhum. On va fonctionner en quarts flottants. Seul Philippe Legros, le navigateur et responsable de la cellule routage sur la prochaine Route du Rhum sera hors quart. »
Armel le Cléac’h (Banque Populaire) : « On aura entre 7 et 10 nœuds au départ, mais cela va s’accélérer au cours de la nuit en fonction des options. Ce n’est pas encore hyper tranché. Il y aura du match d’entrée de jeu pour rejoindre le cap Finisterre. On a tous hâte de rentrer dans la course. On a beaucoup navigué cette année avec Banque Populaire pour tester les modifications apportées au bateau cet hiver. Les autres ont aussi beaucoup travaillé. On est impatient de mesurer les plus et les moins. La course va nous permettre de faire un vrai état des lieux de la concurrence qu’on retrouvera dans quelques mois sur la prochaine Route du Rhum. Naviguer en équipage va nous permettre de vraiment tirer sur le bateau. D’être à 100% tout le temps. On va jouer la gagne, mais on sait qu’en face on a des concurrents redoutés et redoutables, notamment le bateau du Gitana Team, qui a tout gagné ces dernières saisons. À nous de montrer qu’on a bien progressé. On va fonctionner avec deux quarts de trois. J’en partagerai la responsabilité avec Sébastien Josse et je prendrai aussi en charge la météo et la stratégie. Pour les manœuvres, on sera tous sur le pont. »
Yves Le Blevec (Actual Ultim 3) : « Sur le départ, dans 10 nœuds de vent, les bateaux vont naviguer à 100% de leur potentiel toutes voiles dehors. Les conditions ne permettront sans doute pas de voler, mais ça va régater. C’est clair qu’on va aller vite dans la grande descente. On devrait rejoindre les Canaries dans deux jours et demi. En revanche, la remontée au près sera plus laborieuse, c’est le jeu ! On est tous en forme et très pressés de partir. »